• Ancien Français libre, il raconte la Guerre

    Source : http://www.ouest-france.fr/ancien-francais-libre-il-raconte-la-guerre-3330842

     

     

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    Pierre Crosnier,  http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=62898  18 ans en 1940, a raconté aux jeunes sa vie de Français libre et son passage dans la ville, le 6 août 1944. Un témoignage qui va au-delà des livres d'histoire.

     

    À 93 ans, Pierre Crosnier n'a pas perdu de son énergie. Cela fait 70 ans qu'il va à la rencontre des jeunes pour leur raconter la Guerre. Fort de son histoire, il a échangé, jeudi, avec les collégiens de Jean-Rostand et de Saint-Michel.

    Difficile de résumer la vie de Pierre Crosnier. À 18 ans, il a quitté sa Bretagne natale pour partir en Angleterre. « J'avais toujours entendu dire : « Le sale Boche, il ne vaut mieux pas le voir ». Après mon bac, mon père m'a dit de partir. Les Allemands étaient tout proches. »

    « Tas de ruines »

    Engagé dans une unité Combattante française libre pendant toute la guerre, matricule 1878, il a servi en Afrique équatoriale, en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, dans la campagne de France et en Allemagne pour finir à Berchtesgaden. « On aurait jamais pensé qu'on irait planter notre drapeau dans le repaire d'Hitler. »

    Il parle « du débarquement à Utah Beach, un coup de poignard qui a surpris les Allemands », de la libération de Royan, « un tas de ruines » ou encore des officiers de la Gestapo, « par principe, des salopards ». Comme Français libre, il a été condamné à mort, « mais 70 ans après, je me porte bien », sourit-il.

    Face à lui, des troisièmes du collège Jean-Rostand, qui viennent d'étudier la Seconde Guerre mondiale et la Libération. Mais leurs questions ne portent pas sur les dates ou les événements, mais sur la vie à cette époque.

    Un collégien pose la première question : « Est-ce que vous avez été blessé ? » Pierre Crosnier parle « de trois obus, en Lorraine, qui ont perforé le char. Nous avions un entraînement intensif pour rentrer et sortir du char en neuf secondes. » Il marque une pause. « Regardez votre montre, dit-il aux jeunes. Vous imaginez neuf secondes Leur feu nous a marqués, mais nous étions vivants, c'était le principal. »

    Les squelettes des camps

    Un autre lui demande s'il avait des nouvelles de sa famille. « Aucune, depuis 1940. J'ai appris en arrivant à Paris que mon père avait été déporté, en décembre 1943. » Pierre Crosnier relate que tout le monde ignorait l'existence des camps de concentration. « Quand on a pu voir, c'était affreux. Des squelettes. On mettait trois hommes complets dans un cercueil ordinaire. »

    Il raconte son père, joueur de rugby, passé de 90 kg à 45 kg. Silence absolu dans la salle. Une collégienne lève la main : « Comment avez-vous su pour les camps ? » Pierre Crosnier répond :« À l'odeur, autour des camps, ça sentait la viande grillée. »

    Son témoignage regorge aussi d'anecdotes, qui allègent l'atmosphère. Comme l'histoire d'un prête, arrivé avec le ravitaillement, qui louchait sur un livre pornographique d'un camarade. « Le curé d'Écouché lui a fait dire la messe et on s'est rendu compte que ce n'était pas un prêtre. À l'intérieur de son bras gauche, il y avait le tatouage de son numéro de SS. » Le faux prêtre a été fusillé sur place.

    Les collégiens boivent ses paroles. Pierre Crosnier, qui vit à Saint-Gildas-des-Bois, en Loire-Atlantique, témoigne depuis plusieurs années dans les établissements scolaires. « Il y a encore des jeunes qui s'intéressent à ces questions-là, se réjouit-il. Sça devait se reproduire, ça serait avec ces jeunes. Or, c'est une plaisanterie assez effrayante.

    Chrystel CHATOUX.

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