• "Ces vétérans racontent «leur» débarquement à Utah Beach"

    Source : http://www.ladepeche.fr/article/2014/06/06/1895358-ces-veterans-racontent-leur-debarquement-a-utah-beach.html

     

    "

    Il n'est pas bien grand, Jean Bénazethttp://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=54578 mais il se tient droit comme un I. Car Jean est un soldat, un vrai, qui a tout fait, tout subi, tout vécu, qui s'est faufilé entre les bombes, les balles et les mines entre la France, l'Afrique, l'Angleterre ou le Proche-Orient !

    «Je suis né à Suc et Sentenac en Ariège le 8 février 1919 !» déclare-t-il en préambule. Et les ânes des vallées ariégeoises l'inspirent. Il aime les chevaux, il va devenir cavalier. Dès l'âge de 12 ans, il suit la préparation militaire à cheval, à 17 ans, et à 18 ans, il s'engage au 2e régiment de hussards à Tarbes. Deux ans plus tard, c'est la guerre…

     

    "Ces vétérans racontent «leur» débarquement à Utah Beach"

    «J'ai été fait prisonnier dans la forêt de Vouzeron, dans le Cher. On a été transférés au camp de Montargis. Là, on nous a mis dans un train pour les mines de sel de Silésie (dans le sud de la Pologne). Avec deux autres copains, on a décidé de s'évader. J'ai sauté en premier, dans la nuit…»

    Pendant plusieurs jours, de nuit, à pied ou en vélo, Jean va suivre les chemins de halage du rail, pour gagner la zone libre. Une fuite bourrée d'anecdotes, d'ampoules aux pieds, de coups de feu dans la nuit, de vélo lancé sur un soldat allemand.

    «J'ai retrouvé mon régiment à Tarbes. Et je suis… parti en Syrie, dans le groupe Tcherkess, comme cavalier. On assurait la police du désert !». Là, il s'est retrouvé dans un de ces incroyables imbroglios de l'Histoire, puisque sur ce territoire, en 1941, les troupes vichystes se sont retrouvées opposées aux troupes alliées… et de la France Libre !

    «On a fait se battre des Français contre des Français» s'étonne encore aujourd'hui Jean. Il est rapatrié en France. Il va repartir, et repartir loin ! On l'envoie au 12e régiment de chasseurs d'Afrique. Là, Jean va laisser les chevaux pour les motos. Et son régiment va devenir une des unités de la fameuse 2e division blindée du général Leclerc. Cette fois, Jean est du côté de la France Libre !

    Débute alors un incroyable périple, qui passe par Gibraltar, Alger, puis la Tunisie. En l'écoutant, on pense au fameux «Taxi pour Tobrouk» et on plonge dans les sables du désert. Là aussi, Jean aurait des milliers d'histoires à raconter. Une partie de cache-cache avec un Messerschmitt qui mitraillait sa moto ou comment il a bien failli finir écrabouillé avec sa moto sous les chenilles d'un char allié. Et c'est lui qui a fait prisonnier le général Hans-Jurgen von Arnim, commandant de l'Afrika Korps après Rommel : un exploit qui lui a valu la Croix de Guerre !

    Jean débarque comme sergent-chef de char avec la 2e DB le 1er août 1944, sur «Utah Beach», puis Sainte-Mère l'Église… Il participe à la bataille de la forêt d'Ecouves, où s'étaient cachés les blindés de la 9e panzer division. Puis, c'est la route vers Paris. L'épopée de la 2e DB se poursuit. «Après la bataille de Baccarat, j'ai été nommé adjudant !»

    En 1994, pour le cinquantenaire, il se souvient que les Parisiens, qui pour la plupart n'avaient pas connu la guerre, le remerciaient de les avoir libérés… Jean a évité les obus, les balles, et même si son véhicule a sauté sur une mine, il s'en est tiré avec quatre jours de coma. Son heure n'était pas arrivée. Vraiment pas. Il a fêté il y a trois mois ses 95 ans !


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :