• "Mémoire de 39-45 : la grande confusion "

    "Mémoire de 39-45 : la grande confusion "

    "Mémoire de 39-45 : la grande confusion "

     

     

    Par Eric Conan et Guy Konopnicki, sur le site http://www.marianne.net/Memoire-de-39-45-la-grande-confusion_a238800.html

     

    Tres bonne tribune !

    Source image : http://gw.geneanet.org/mdorange?lang=it&m=NOTES

     

     

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    Il ne semble plus possible de célébrer la mémoire des guerres passées que sous le signe de la victime universelle. Une lecture « droits-de-l'hommiste » rétrospective, dans laquelle il n'y a plus ni héros ni responsables, mais que des victimes qui méritent toutes la même compassion. C'est fait depuis longtemps pour 14-18, qui n'est plus transmissible que du point de vue du calvaire des « poilus » de tous bords, mais cet arasement du récit historique au profit de l’émotion emphatique tend à imprégner la Seconde guerre mondiale, de plus en plus désidéologisée.

    Ouest France nous relate ainsi de manière confondante un exemple récent, lors de la commémoration du 8 mai dans le cimetière d'Orglandes, en Normandie, où sont enterrés plus de 10 000 officiers et soldats allemands tombés lors de la longue et terrible bataille de Normandie, quand le Reich mobilisait ses dernières forces pour repousser les Alliés débarqués le 6 juin 1944. Le quotidien normand nous raconte en effet que les autorités françaises et allemandes se sont regroupées pour une double cérémonie de paix et de réconciliation, à la fois à la mémoire de Pierre Devouassoud  http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=64996  et Magloire Dorang,  http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=65796   deux aviateurs fusillés par les Allemands à Montebourg le 12 avril 1941 et inhumés dans le cimetière d'Orglandes, et à la mémoire des « 10 132 soldats allemands tombés au service de leur patrie ». En l’occurrence, la « patrie » que la Wehrmacht défendait alors sur le sol normand, c’était la nouvelle Europe allemande qui avait pris physiquement la place de la patrie française pour laquelle les deux pilotes avaient donné leur vie.

    Tout cela semble aujourd’hui trop compliqué à expliquer et devant les autorités françaises et allemandes réunies, le Colonel Frank Fisher, représentant l'ambassade d'Allemagne, a préféré la bouillie confusionniste qui se répend de plus en plus : « Les cimetières de guerre sont un témoignage de cet affreux gâchis de jeunes vies fauchées par la folie meurtrière des hommes ». Gross Malheur la guerre ! Quelle guerre ? En la réduisant à la souffrance éprouvée dans les deux camps, on occulte le caractère même de la Seconde guerre mondiale, déclenchée par l’Allemagne nazie, dans le but, clairement énoncé d’établir la domination de la « race des seigneurs » sur l’Europe. On occulte, aussi, le droit international, fondé, depuis le procès de Nuremberg sur la condamnation des chefs nazis pour crime contre l’humanité.

    Les soldats allemands tombés au cours de la bataille de Normandie pouvaient paraître pitoyables (au sens propre dignes de pitié) à l’heure de la défaite. Ils n’en appartenaient pas moins à une armée qui, pendant quatre années, a multiplié les crimes et les exactions en France et dans toute l’Europe occupée. Imagine-t-on une cérémonie de réconciliation, reproduisant celle d’Orglandes à Tulle, où l’on pleurerait ensemble les civils français pendus aux réverbères et les soldats de la division Das Reich ? Et pourquoi ne pleurerait-on pas, ensemble, les combattants juifs tombés pendant l’insurrection du Ghetto de Varsovie et les soldats allemands victimes de cette même bataille ?

    La prétendue égalité des souffrances générées par les « vies fauchées » renvoie dos à dos ces soldats, en partie gorgés d’idéologie, obéissant en tout cas aux ordres criminels de Hitler, et ceux qui, comme les deux aviateurs français « célébrés » à Orglandes, osèrent affronter l’ennemi et reprendre le combat, en dépit de la trahison. Car la cérémonie associe deux aviateurs français, que les nazis refusèrent de traiter en prisonniers de guerre et qui furent donc fusillés. On ne saurait mieux piétiner la mémoire de ces hommes, qui avaient le courage de combattre en 1941, quand la Wehrmacht était victorieuse sur tous les fronts, qu’en les célébrant au même titre que les derniers aveugles de l’Allemagne nazie, obéissant encore et toujours, quand le débarquement allié scellait la défaite du Reich.

    Les larmes faciles inspirées par les horreurs de la guerre ne sauraient se substituer à l’Histoire. La réconciliation des peuples d’Europe - à laquelle il ne faut cesser d’œuvrer - n’aurait aucun sens s’il fallait lui sacrifier la conscience de ce que fut le régime nazi, qui, pour avoir bénéficié de complicités et de lâchetés, n’en demeure pas moins le seul responsable de la guerre de 1939-1945 et de son cortège d’atrocités.

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