• "Mouvaux : Madeleine Overberghe, résistante et bientôt (enfin) légionnaire"

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    "Mouvaux : Madeleine Overberghe, résistante et bientôt (enfin) légionnaire"

     

    "Mouvaux : Madeleine Overberghe, résistante et bientôt (enfin) légionnaire"

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    Madeleine Overberghe, née Delépine,  97 ans aujourd’hui, était agent de liaison durant la Seconde Guerre mondiale. Elle aura attendu 70 ans sa Légion d’honneur qui lui sera remise le 14 février en mairie.

    Elle a 97 ans Madeleine. Se déplace avec une canne et est aveugle depuis une allergie à un médicament il y a trente ans. Mais sa mémoire est intacte, tout comme son tempérament, sacrément trempé. «Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse, je vais avoir ça à 97 ans, c’est un peu tard », lance-t-elle, quand on lui pose la question de ce qu’elle ressent à l’idée de devenir légionnaire.

    Aussitôt, cette frêle arrière-grand-mère embraye sur ses souvenirs : « Une heure après l’appel du général De Gaulle, je m’engageais dans la résistance », raconte-t-elle. Elle connaissait alors une employée de la mairie de Roubaix qui l’aiguille vers les réseaux clandestins. « C’était très important pour moi. On m’a demandé de choisir un prénom, ce fut Thérèse. Je suis devenue Thérèse Roulé. » Sa fille aînée, née en 1951, se prénomme Thérèse. Il y a des souvenirs qui collent à la peau. Madeleine Overberghe se voit alors dotée d’une fausse carte d’identité et d’une fausse adresse. « J’étais censée habiter 27, rue Condorcet à Roubaix. C’était une impasse avec des garages. »

    Son oncle, résistant aussi

    À l’époque, elle vit à Herseaux chez son oncle qui l’a adoptée. La petite fille étant devenue orpheline de mère, son père, qui ne l’a jamais reconnue, la fait néanmoins travailler à l’usine. « Il ne me nourrissait pas, c’étaient mes collègues qui m’apportaient à manger », raconte-t-elle, avec des sanglots dans la voix, quatre-vingts ans après. À 16 ans, elle part vivre chez son oncle, lourdement blessé durant la Première Guerre. Lui aussi entrera en résistance, sans jamais le dire à sa nièce pour ne pas la mettre en danger. Elle le découvrira après la guerre.

    Elle devient donc agent de liaison, en compagnie d’une religieuse, sœur Marie-Paule qui prend pour nom Marie Roublard. Elles rouleront toujours ensemble, transportant, dans le cadre de leur vélo ou dans du pain dont la mie avait été retirée, les précieux documents. «Les débuts ont été durs, j’ai roulé à vélo pendant toute la guerre, dans toute la France et la Belgique. Il fallait passer la ligne de démarcation avec de fausses cartes à chaque fois, on ne pouvait pas aller à plus de 30 km. Le seul moment où j’avais peur, c’était à ces passages où il y avait beaucoup d’Allemands. »

    Outre ses activités de résistante, Madeleine Overberghe a grand cœur. C’est elle aussi, pendant la guerre, qui fait le tour des fermes du secteur pour tenter de récupérer de quoi nourrir les orphelins de Luingne. « C’était un établissement qui appartenait aux Lepoutre. Mon oncle était secrétaire de cette grande famille textile. » Et elle peut compter sur le soutien de certains fermiers, et notamment les Poublanc, à Bollezeele. « Ils avaient une chambre au-dessus de la cuisine pour nous cacher. »

    Après-guerre, et jusqu’en 1948, elle tient la permanence des résistants déportés : « Je me suis occupé de toutes les familles de ceux qui étaient déportés. »

    Ne lui manque plus que le titre de Juste parmi les nations

    Pendant la guerre, Madeleine Overberghe  et son oncle ont caché un juif autrichien dans leur maison d’Herseaux.

    Résistante des réseaux Action 40 et ALI-France, médaille de la Résistance, croix du combattant, médaille des services volontaires dans la France libre, médaille belge de la résistance armée… la liste de ses médailles est longue. Manquerait toutefois le titre de Juste parmi les nations. Elle et son oncle ont, en effet, caché durant onze mois un juif autrichien, à la demande de l’orphelinat de Luingne, qui abritait sa femme et sa fille.

    « On avait aménagé une cuisine dans la cave. Il y avait une petite fenêtre qui donnait sur la rue. On voyait ceux qui entraient dans le jardin, ce qui lui laissait le temps d’aller se cacher sous l’escalier dont nous avions dévissé deux marches. La Gestapo est venue trois fois mais ne l’a jamais trouvé. »

    Et afin qu’il puisse voir sa fille sans prendre trop de risque, Madeleine organisait un goûter pour toute la classe, tous les jeudis. « Pend ant ce temps-là, en cachette, elle allait voir son père dans ma chambre.O n avait une voisine qui logeait un soldat allemand. Elle avait dû parler, notre jardin donnait sur la gare d’Herseaux, peut-être qu’elle l’avait entr’aperçu par la fenêtre, se demande-t-elle encore aujourd’hui. À la Libération, elle a eu des croix gammées sur sa maison, du grenier au rez-de-chaussée, puis elle a déménagé en France. »

    La nièce et son oncle préfèrent ne pas faire prendre de risques plus longtemps à leur hôte. « Je l’ai conduit au Croisé Laroche, sa femme et sa fille l’ont rejoint après. Lui était dans une maison de santé puis s’est fait arrêter. Il a failli partir avec le dernier train de Loos mais un soldat autrichien a reconnu l’accent de sa région natale et l’a sauvé. Je n’ai plus eu de ses nouvelles après, mais j’imagine qu’il est reparti en Autriche. »

    Une héroïne ? « C’est beaucoup dire. J’estime que tout le monde pouvait faire la même chose ! » Madeleine Overberghe a gardé tout son tempérament."

     


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